(Eng) Finding the Great Light
On ‘Karem’ by Igi Lólá Ayedun – MAĀT Gallery
“To emerge from the great night”, a metaphor drawn from Cameroonian philosopher Achille Mbembe to describe the decolonial process in Africa, implies, among many actions, a double task. One is material: a reclaiming of reconnection with the physical world, with the land’s textures, the landscape’s uniqueness, and the emotional language of nature and technique, as a way of interpreting life. The other is immaterial: the protection and transmission of knowledge, through storytelling and the active practice of fabulation, as a way of weaving fiction into life. To emerge from the great night is to return to a history untainted by shame and desecration, free from the sterility and atrophy wrought by colonization, to recover, in its place, a vital ethos and a productive, precolonial energy.
It is within this luminous and vibrant realm of reappropriated material and cultural meaning that the work of Igi Lólá Ayedun comes alive. Her signature deep blue evokes lapis lazuli, the precious stone of the Indus Valley (in present-day Afghanistan), and indigo, the age-old dye that colors textiles across West Africa. Gold, which glints often in her practice, recalls the mining that stripped the mountains of the New World, but also the unfading radiance of pharaonic immortality. Silk, her recent medium of choice, is a relic of trade routes that once connected Europe, Asia, and North Africa from late antiquity to the early Middle Ages—and yet, it also speaks to the resilience of the Ashanti people, who wove threads salvaged from the garments of colonizers into the vivid patterns of their kente cloths. It is precisely within this dimension, where emerging from the great night becomes an act of confrontation, liberation, and healing through material and history, that Igi’s work unfolds.
Formally, the fifteen pieces presented in “Karem”, her first solo exhibition at MAĀT Gallery, share a dialogue between abstraction of the images and the narrative suggestion of the titles. Both abstraction and storytelling contribute to an overarching sense of illumination, understood both literally and metaphorically. This light is revealed in her skillful engagement with the fabric’s uneven topography: the cloth is stiffened, waterproofed, and thickened with starch gum, accepting or resisting patinas, opening to transparency or condensing into dense fields of color. On this surface, pigments bloom in layers that at times reveal, at others conceal organic, gestural shapes without sharp contours, fluid and ephemeral: petals, waterfalls, stones, liquids, roots, lightning bolts, birds, and waves drift and dissolve with equal intensity across the canvas. Gold leaf and silk threads heighten this experience of chaos, in the sense offered by Martinican thinker Édouard Glissant. Chaos here is not disorder, but a refusal of wholeness, of passivity, of linearity and stasis; it is the relationship, the near-atomic friction of parts, the experimental openness of process, it is imagination itself.
In this light, Igi’s abstraction becomes a declaration: a defense of the Black radical imagination. It is a forward-looking act of fabulating the past for a diasporic people severed from their histories—and simultaneously, a visionary act of fabulating futures for the same people, whose lives remain targets of necropolitical systems that deem their disappearance acceptable. To emerge from the great night becomes, then, a passage from illness to healing, a head-on encounter with life.
Karem is a tribute, a celebration of her mother, whose memory holds the threads of the knowledge Igi weaves into her work. From her mother’s practice of Candomblé, the Afro-Brazilian religion of orisha worship, she inherits reverence for nature. From her experience of samba schools, she retains a love for manual labor and collective Black creativity. From Ashkenazi Jewish and Berber traditions, she draws a taste for ornamentation, for the opulence of arabesques, and for the art of adornment. Karem is the labor of mourning and a meeting with the self, with the cultural and intellectual legacy passed on by her mother. Thereby, Karem becomes an experience of “cosmoperception,” as defined by Nigerian sociologist Oyèrónkẹ́ Oyěwùmí: an understanding of the world rooted in sensory experience, which challenges the supremacy of sight and reason as the foundations of Western knowledge. Karem is the expression of vital brilliance, of relational chaos, of the right to inheritance and the desire for the future. Karem is the materialization of a dream made immaterial.
-- Renato Menezes, curator and art historian
(Fr) Trouver la grande lumière
À propos de 'Karem', de Igi Lólá Ayedun – MAĀT Gallery
"Sortir de la grande nuit", une métaphore utilisée par le philosophe camerounais Achille Mbembe pour définir le processus de décolonisation du continent africain, implique, parmi de nombreuses actions, une tâche double : l'une, d'ordre matériel, concerne la récupération du sens du lieu lié à la perception des choses tangibles, de la spécificité du paysage et des valeurs sensibles de la nature et de la technique, comme une manière de lire et d'interpréter les pratiques de la vie ; l'autre, d'ordre immatériel, concerne la préservation et la transmission des savoirs, liés à l'élaboration de récits et à l'exercice de la fabulation, comme moyen d'incorporer la fiction dans la vie. Sortir de la grande nuit induit, ainsi, un retour à une histoire dissociée de la honte et de la profanation, de la stérilité et de l'atrophie produites par la colonisation, afin de récupérer, par conséquent, un ethos vital et une énergie productive précoloniale.
Le travail d'Igi Lólá Ayedun émerge exactement dans cet endroit lumineux et vibrant de réappropriation des valeurs historiques des matériaux qu'elle manie et d'investissement dans la réorganisation des éléments constitutifs de ses propres origines culturelles. Le bleu profond, marque de son travail, est le lapis-lazuli, la précieuse pierre de la vallée de l'Indus, dans l'actuel Afghanistan, mais c'est aussi l'indigo, un ingrédient utilisé pour teindre des pièces textiles produites dans divers pays d'Afrique de l'Ouest ; l'or, un autre matériau fréquemment présent dans sa pratique artistique, active la mémoire de l'exploitation minière qui a érodé les montagnes du Nouveau Monde, mais nous renvoie aussi à l'éclat inoxydable de l'immortalité des pharaons de la civilisation égyptienne ; la soie, principal support de sa production récente, fait partie de la route économique qui a relié l'Europe, l'Asie et le nord de l'Afrique pendant la vaste période qui couvre la fin de l'Antiquité et le début du Moyen Âge, mais raconte également l'histoire de la résistance du peuple Ashanti, qui a su l’incorporer fil à fil, récupérée dans les tissus des colonisateurs, dans les tissages multicolores de leurs kentés. C'est précisément dans cette couche, où la perspective de sortir de la grande nuit se présente comme une possibilité d'affrontement, de libération et de guérison du traumatisme à travers la matérialité et l'histoire, que le travail d'Igi se déploie.
D'un point de vue formel, l'aspect commun entre les 15 œuvres présentées dans Karem, la première exposition solo de l'artiste à MAĀT Gallery, réside dans l'interaction entre la nature abstraite des images et la suggestion narrative des titres. À la fois l'abstraction et la narration concourent à renforcer l'idée d'illumination, qui se manifeste, dans la peinture, tant dans son sens littéral que dans le sens plus métaphorique que le mot peut revêtir. Cette illumination se révèle dans l'utilisation intelligente de la topographie accidentée du tissu, durci, imperméabilisé et épaissi par la gomme d'amidon, acceptant ou refusant des patines, permettant des transparences ou des zones denses de peinture. Sur cette surface, les couleurs se répartissent en couches qui, parfois, révèlent, parfois, occultent des formes organiques, gestuelles, sans beaucoup de contours, presque fluides : des pétales, des cascades, des roches, des fluides, des racines, des éclairs, des oiseaux et des vagues s'insinuent et se dématérialisent avec la même force sur la toile fine. Les feuilles d'or et les fils de soie intensifient encore l'expérience du chaos, dans le sens que lui donne l'intellectuel martiniquais Édouard Glissant. Le chaos est le refus de la totalité, de la passivité, de l'entreprise linéaire, de la mesure statique; le chaos est la relation, la friction presque atomique des parties, c'est l'ouverture expérimentale du processus, c'est l'imagination. Au final, dans le travail d'Igi, l'abstraction se présente comme un manifeste en défense du droit à une imagination radicale noire : il s'agit d'un exercice prospectif de fabulation du passé par la population noire en diaspora, privée d'accès à son histoire, et, en même temps, d'un exercice projectif de fabulation du futur, par la même population dont la vie semble être le principal cible d'une nécropolitique, dans un système indifférent à sa disparition. Sortir de la grande nuit devient, ainsi, une sortie de la maladie et une rencontre frontale avec la vie.
Karem est un hommage, une célébration de la mémoire de sa mère, une figure dans laquelle convergent les savoirs qu'Igi mobilise dans son travail : de la pratique du candomblé – religion afro-brésilienne de culte aux orishas – elle hérite de l'intérêt pour la nature ; de son expérience dans les écoles de samba, elle préserve l'intérêt pour les travaux manuels et les formes d'associativisme noir ; de la culture juive ashkénaze et des berbères, elle cultive le goût pour le décoratif, pour l'opulence des arabesques, pour l'orfèvrerie. Karem est l'élaboration du deuil et une rencontre avec soi-même, avec le patrimoine culturel et cognitif légué par sa mère. Karem devient ainsi une expérience de « cosmoperception », selon la définition du terme proposée par la sociologue nigériane Oyèrónkẹ Oyěwùmí, pour qui les sens et l'expérience sensible l'emportent sur la prétendue prévalence de la vision et de la raison occidentales en tant que forme de construction de connaissance et de compréhension du monde. Karem est l'expression de l'éclat vital, du chaos de la relation, du droit à l'hérédité, du désir de futur. Karem est la matérialisation d'un rêve dématérialisé.
-- Renato Menezes, curateur et historien de l’art
(Pt-Br) Encontrar a grande luz
Sobre “Karem”, de Igi Lólá Ayedun – MAĀT Gallery
“Sair da grande noite”, metáfora utilizada pelo filosofo camaronês Achille Mbembe para definir o processo de descolonização do continente africano, requer, entre tantas ações, uma tarefa dupla: uma delas, de ordem material, diz respeito a retomada do sentido de lugar ligado à percepção das coisas tangíveis, da especificidade da paisagem e da valores sensíveis da natureza e da técnica, como forma de leitura e de interpretação das práticas da vida; a outra, de ordem imaterial, diz respeito à preservação e transmissão de saberes, ligados à elaboração de narrativas e o exercício de fabulação, como meio de introjetar ficção na vida. Sair da grande noite induz, assim, ao retorno à uma história dissociada da desonra e da profanação, da esterilidade e da atrofia produzida pela colonização, para resgatar, por consequência, um ethos vital e uma energia produtiva pré-coloniais. O trabalho de Igi Lólá Ayedun emerge exatamente nesse lugar luminoso e vibrante de reapropriação dos valores históricos dos materiais que maneja e de investimento na reorganização dos elementos constitutivos de suas próprias origens culturais. O azul profundo, marca de seu trabalho, é o lápis lazúli, a valiosa pedra do Vale do Indo, no atual Afeganistão, mas é também o índigo, insumo utilizado no tingimento de peças têxteis produzidas em diversos países da África Ocidental; o ouro, outro material frequente em sua prática artística, ativa a memória da exploração mineral que corroeu as montanhas do Novo Mundo, mas nos reporta também para o brilho inoxidável da imortalidade dos Faraós da civilização egípcia; a seda, suporte principal de sua produção recente, integra a rota econômica que conectou Europa, Ásia e o norte da África no amplo período que abrange o final da Antiguidade e o início da Idade Média, mas também conta a história de resistência do povo Ashanti, que soube incorporar fio a fio recolhido dos tecidos dos colonizadores nas tramas multicoloridas dos seus kentes. É precisamente nessa camada, onde a perspectiva da saída da grande noite se apresenta como possibilidade de enfrentamento, liberação e cura do trauma através da materialidade e da história, que o trabalho de Igi acontece.
Do ponto de vista formal, o aspecto comum entre os 15 trabalhos presentes em Karem, primeira exposição individual da artista na Maat Gallery, é uma interação entre a natureza abstrata das imagens e a sugestão narrativa dos títulos. Tanto abstração quanto narração concorrem para o reforço da ideia de iluminação, que se manifesta, na pintura, tanto em seu sentido literal quando no mais metafórico sentido que a palavra pode assumir. Essa iluminação se revela no aproveitamento inteligente da topografia acidentada do tecido, enrijecido, impermeabilizado e encorpado pela goma de amido, aceitando ou recusando pátinas, permitindo transparências ou áreas densas de tinta. Sobre essa superfície, as cores distribuem-se em camadas que ora revelam, ora ocultam formas orgânicas, gestuais, sem muitos contornos, quase fluidas: pétalas, cascatas, rochas, fluidos, raízes, trovões, pássaros e ondas insinuam-se e desmaterializam-se com a mesma força sobre a trama fina. Folhas de ouro e fios de seda intensificam ainda a experiência do caos, no sentido empregado pelo intelectual martinicano Édouard Glissant. Caos é a recusa da totalidade, da passividade, do empreendimento do linear, da medida estática; caos é a relação, a fricção quase atômica das partes, é a abertura experimental do processo, é a imaginação. No limite, no trabalho de Igi, a abstração se apresenta como um manifesto em defesa do direito à imaginação radical negra: trata-se de um exercício prospectivo de fabulação do passado pela população negra em diáspora, privada de acesso à sua história, e, a um só tempo, um exercício projetivo de fabulação do futuro, pela mesma população cuja vida parece ser o alvo principal de uma necropolítica, em um sistema indiferente à sua desaparição. Sair da grande noite torna-se, assim, uma saída da enfermidade e um encontro frontal com a vida.
Karem é uma homenagem, celebração da memoria de sua mãe, figura na qual convergiam os saberes que Igi mobiliza em seu trabalho: da prática do candomblé – religião afro-brasileira de culto aos orixás – ela herda o interesse pela natureza; da vivência nas escolas de samba, ela preserva o interesse pelos fazeres manuais e pelas formas de associativismo negro; da cultura judaica asquenaze e dos berberes ela cultiva o gosto pelo decorativo, pela opulência dos arabescos, pela ourivesaria. Karem é a elaboração do luto e um encontro consigo mesma, com o patrimônio cultural e cognitivo deixado pela mãe. Karem transforma-se, assim, em uma experiência de “cosmopercepção”, segundo a definição do termo proposta pela socióloga nigeriana Oyèrónkẹ Oyěwùmí, para quem os sentidos e a experiência sensível se sobrepõem à pretensa prevalência da visão e da razão Ocidental como forma de construção de conhecimento e de compreensão do mundo. Karem é a expressão do brilho vital, do caos da relação, do direito à hereditariedade, do desejo de futuro. Karem é a materialização de um sonho desmaterializado.
-- Renato Menezes, curador e historiador da arte